Gratuité
un débat nécessaire
La gratuité du bus réduit-elle la pollution ?
Je voudrais montrer que ce n’est pas la seule gratuité, la gratuité en soi, qui fera baisser la pollution.
Les différentes études menées dans les communes qui sont passées à la gratuité totale montre qu’elle permet une plus grande fréquentation, que les usagers empruntent plus facilement les transports en communs pour aller d’un quartier à l’autre, ce qui est une excellente chose. Malheureusement les mêmes études montre également que la gratuité à elle seule a peu d’incidence sur l’abandon du transport en véhicule individuel au profit du transport en commun.
Ce qui permet de se “désintoxiquer” de l’usage de la voiture individuelle au profit des transports en commun, c’est la fréquence. On peut facilement le comprendre si on se rappelle que la voiture en semaine sert d’abord et avant tout à aller et revenir de son travail. Vu la pression exercée sur les salarié-es, il n’est pas question pour elles et eux d’arriver en retard. La première conclusion c’est que les transports en commun sont en concurrence pratique avec la voiture individuelle, que le transport collectifs doit donner l’assurance d’arriver à l’heure au travail et plus rapidement. Si je loupe mon bus ou mon train, je dois être sûr qu’il y en a un juste après. Le réflexe doit s’instaurer : aujourd’hui je suis pressé, je ne prends pas ma voiture.
À Poitiers pour ce qui est des bus, cela nécessite des aménagements importants pour que les parcs-relais où on laisse sa voiture soit nombreux et commence bien en amont des entrées de la ville, ce qui n’est pas le cas actuellement. Pour l’instant les rocades sont encore considérées comme des portes d’entrée dans la ville. À l’inverse la communauté urbaine nécessite d’offrir des parcs-relais nombreux et éloignés des zones de bouchons, entre les principales zones de travail, notamment le CHU, l’Université et la zone du Futuroscope. Ces parcs-relais doivent offrir des commodités comme des commerces, des entrée aux pistes cyclables sécurisées (sans voiture), des consignes à vélos. Les bus qui partent de ces parcs-relais doivent avoir des voies dédiées qui leur permettent d’éviter les bouchons. Les horaires aller et retour des trains doivent être adaptés aux horaires des salarié-es.
Réduire la voiture individuelle au profit des transports en commun est un enjeu écologique primordial. La mobilisation autour de la RN147 a montré que la motivation écologique faisait son chemin.
Mais c’est aussi un enjeu social. Les mobilisations des Gilets jaunes ont rappellé que le prix de l’essence est un budget de plus en plus insupportable pour une population habitant à l’extérieur des centre ville. Une politique incitative d’abandon de la voiture par la gratuité sur certains axes encombrés aux heures de pointe peut être mise en œuvre. Si on laisse sa voiture au parc-relai, ça va plus vite, c’est sûr et c’est moins cher.
Le coût de la gratuité immédiate et totale des bus Vitalis est facile à calculer puisqu’il s’agit des recettes payées par les usagers : 5,2 millions d’euros par an. Cet argent pourrait être trouvé si on arrêtait de subventionner le peu utilisé aéroport de Poitiers-Biard (bientôt 1 million) alors que nous avons le TGV et l’aéroport de Bordeaux par exemple. Un autre exemple ? Si Poitiers arrêtait de se « payer » la performance d’une artiste internationale à 1,4 millions, etc. Mais cette somme de 5,2 million ne peut être comprise que si on conserve le réseau en état
Or les travaux d’infrastructure des parcs-relais, des pistes cyclables sans voiture, des nouvelles lignes de bus avec des horaires et des fréquences plus adaptées, tout cela coûte. Ne faudrait-il pas mieux mettre l’argent des contribuables dans ces infrastructures, avec la gratuité comme incitatif sur certaines lignes, pour ne généraliser la gratuité qu’après consultation des habitant-es qui auraient goûté aux avantages de l’abandon de la voiture au profit des transports en communs ?
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